Type - Variante - Variété - Artefact



Il est clair que toutes ces définitions sont extensibles selon les séries monétaires étudiées et selon la précision avec laquelle elles sont étudiées.
Par exemple, avant l’invention de la duplication des coins par matrices, d’innombrables variantes pouvaient être découvertes dans un même type (défini uniquement et strictement par le texte officiel le créant).
La spécialisation joue aussi un grand rôle dans la définition et l’appréciation de l’importance des variétés : une étude aussi précise que celle de Gérard Crépin sur les doubles tournois, qui prend en compte poinçons de buste, légendes, ponctuation des légendes et détails épigraphiques, transformerait un simple FRANCIÆ IV (Monnaies royales 1540-1610) en ouvrage de douze tomes à lui tout seul.



Type monétaire

Un type monétaire est défini par les gravures d’avers ET de revers identiques pour des monnaies destinées à la circulation. Hors circulation, elles deviennent des essais.
Deux monnaies sont de même type si elles proviennent des deux mêmes matrices d’avers et de revers. Les matrices sont les modèles en relief utilisés pour fabriquer les coins en creux avec lesquels les monnaies seront frappées. À l’époque moderne, les quantités de coins utilisées sont effarantes, compte tenu des masses de monnaies à produire : un atelier monétaire comme Pessac consommait en moyenne deux cents coins par jour en 2001.

Un type correspond à un numéro dans le catalogue en ligne.

Les distinctions mineures de matrices ne sont habituellement pas relevées, sauf quand elles apportent une information particulière ou qu’elles sont considérées comme intentionnelles.

Exemple de changement de matrice : les petites et grandes étoiles dans les émissions belges (fig. 1). Ce n’est pas un changement de type car les deux modèles sont produits ensemble et il n’y a pas de réelle intention de différence. En revanche, le changement de face européenne des monnaies à compter de 2007-2008 provoque un nouveau type pour les monnaies frappées avec la nouvelle carte car le changement est intentionnel et a une signification.
On peut parler de série de types lorsque, pour des valeurs faciales, diamètres, tranches ou métaux différents, il y a unicité de dessin et d’artiste pour le modèle initial. C’est une caractéristique des séries euro qui, le plus souvent, ont un seul type (Irlande, Belgique) ou quelques types (France, Allemagne).

Fig. 1 - Les petites et grandes étoiles belges

On parle de type hybride lorsque des matrices d’avers et de revers dont il n’était pas prévu qu’elles soient utilisées ensemble le sont par inadvertance ou par nécessité. Bien qu’il existe des erreurs d’utilisation de paires de coins qu’il s’agisse des bifaces identiques (fig. 2) ou des 1 euro sur flan de 20 cent (fig. 3), ce sont des artefacts car infiniment trop rares et surtout sans possibilité de circulation : le public les remarque immédiatement et les donne à un collectionneur ou les rapporte à sa banque pour échange. (Errare humanum est !)
Nous avons par exemple un type hybride lorsque les ateliers utilisent la vieille carte d’Europe en face commune avec un millésime prévu pour être utilisé avec la nouvelle carte d’Europe. Avant que l’erreur ne soit détectée, ces pièces circulent sans problème dans le public qui ne remarque manifestement rien.

Fig. 2 - Une pièce de 1 euro à bifaces identiques

Fig. 3 - Une pièce de 1 euro française sur le flan d'une 20 cent


Variantes

Pour un même type monétaire (mêmes gravures d’avers et de revers), il existe souvent de nombreuses variantes qui correspondent aux différents coins produits durant les différentes années pendant lesquelles le type est utilisé. Ces variantes sont intentionnelles et elles ont une signification. On trouve, liste non exhaustive, les variantes de millésimes, d’ateliers, de différents de maîtres graveurs, éventuellement de plusieurs différents, éventuellement des variantes de taille des différents ou lettres d’atelier. Exemple de variante : l'orientation de l'abeille sur la 1 euro 1999 française (fig. 4).


Fig. 4 - Variante (en bas) de la 1euro 1999 française

La règle absolue est que ces variantes doivent correspondre à des frappes ou des coins différents et doivent avoir une signification ou un sens numismatique. Parmi les cas « limite », on trouve par exemple les tranches A et B dans les 2 euro qui n’ont certainement aucune signification monétaire mais sont reconnues comme variantes de plein droit par les collectionneurs depuis le début.

La variante d’un type a une ligne propre et un sous-numéro dans le catalogue en ligne.

Notons cependant que pour les commémoratives euro non circulantes, trop peu de collectionneurs s’intéressent aux tranches A et B pour créer des sous-numéros supplémentaires.
Les différences non intentionnelles de gravure sont considérées soit comme des variantes, soit comme des variétés, soit ne sont pas distinguées (nous verrons ces deux derniers cas dans les paragraphes suivants), le plus souvent selon l’usage.

Note : le terme "variétés" étant utilisé par une grande partie des collectionneurs, et la langue anglaise ne proposant qu'un terme pour parler tant des variétés que des variantes, nous utiliserons généralement le terme d'usage "variétés" au détriment du terme plus académique de "variante".



Variétés

Une variété est une différence non intentionnelle d’une variante, sans justification légale particulière, présente dans le coin.

Dans le catalogue en ligne, elle est signalée par une note en commentaires.

Sont par exemple des variétés les flans minces ou épais, les poids différents de la norme, les points, en plus ou en moins, connus par un nombre très faible d’exemplaires, les qualités de frappe erronées répétitives. Les différences extrêmement ténues de gravure sont assimilées à des variétés. En d’autres termes, une variante cesse de l’être pour n’être qu’une variété quand la différence ne saute pas aux yeux. En réalité, c’est le jugement du public qui, à long terme, décide de ce qui a l’importance d’une variante ou peut être considéré comme une simple variété.

Ne sont pas signalées du tout les variétés, même quand elles sont créees par un coin différent, qui ne peuvent être « isolées » et « définies ». Par exemple, les différences de largeur des centres des bi-métalliques sont pratiquement impossible à cataloguer : où commence le « centre large » et où s’arrête le « centre court » ?



Les Artefacts

Il s’agit de défauts de fabrication. En premier lieu, les pièces résultant de coins bouchés, fendus, cassés, rayés etc… Ensuite, les hoquets de la machine : tréflage, décentrage, double-frappe, casquettes (deux flans superposés et décalés, frappés et agglomérés ensemble), erreur de flan, coins bouchés, erreur de coin etc… Enfin, les variations résultant, non pas de la maladresse du monnayeur, mais des moyens dont il disposait pour fabriquer les coins (voir fig. 5 et 6 pour des exemples d'artefacts, pour plus d'informations, voir le catalogue en ligne).

Ces défauts de fabrication ne sont pas liés à un coin particulier, ni bien entendu décidés par un texte officiel. Une pièce peut passer d’artefact à variété : il suffit qu’elle existe en quantité suffisante et soit reconnue par les collectionneurs.

Fig. 5 - Frappe faible

Fig. 6 - Double frappe


Les faux pour servir

Fabriqués pour tromper le public à l’époque de la circulation normale de leur modèle, ces faux sont tout à fait collectionnés et ne doivent surtout pas être confondus avec les « faux pour collectionneurs », fabrications contemporaines destinées à escroquer le collectionneur. L’intérêt du faux pour servir est d’autant plus grand qu’il est bien réussi, qu’il s’intègre et illustre l’histoire économique de la période, voire qu’il imite une monnaie par ailleurs rarissime, ou mieux qu’il invente un millésime qui n’existe pas, comme la 20 francs or 1915... On remarque une €nouveauté : faux pour servir et faux pour collectionneurs peuvent être simultanés ! Vous pouvez sur le catalogue en ligne consulter les artefacts que nous avons listés.


Les inventions

La collection d’euro a créé une nouvelle catégorie de pièces que nous appellerons poliment des « inventions ». On peut appeler ainsi toutes les monnaies à l’apparence d’euro fabriquées par des personnes privées à l’image de pièces du Danemark, d’Angleterre, d’essais du Vatican ou Dieu sait quoi d’autre. Des monnaies de ce type ont déjà existé, comme les monnaies de prétendants, ou les monnaies apocryphes (comme celles d’Orélie-Antoine Ier, Roi de Patagonie et d’Araucanie, voir MONNAIES VIII, n° 1865) mais celles-ci avaient presque toujours une motivation politique ou métaphysique. Les inventions liées à l’euro ont toutes pour unique motivation le profit et l’exploitation des collectionneurs : par exemple, la firme qui a produit les euros « anglais » se moque éperdument de savoir si l’Angleterre va ou non intégrer la zone euro. Ces fabrications ne sont absolument pas officielles, ne sont en aucun cas des essais ni des projets officiels et n’ont rigoureusement aucune légitimité. Ceux qui les achètent doivent le savoir. 



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Dernière mise à jour le 13/12/2010
par Olivier FOURNIER